Avec le recul, comment expliquez-vous le succès de Tokio Hotel ?
Bill Kaulitz (chanteur) : Ecoutez les paroles de nos chansons. Elles parlent des amours ratées, de la drogue, du suicide... Ces thèmes dérangent mais parlent beaucoup aux adolescents. Parce qu’être jeune, c’est une des choses les plus difficiles à vivre. Moi, j’étais déprimé à ce moment de ma vie. Aller à l’école, c’était comme aller à la guerre. Tom Kaulitz (guitariste) On a arrêté l’école à 15 ans. On se coiffait n’importe comment, on se maquillait comme on voulait... Notre mode de vie était une sorte de fantasme pour tous les pré-ados rebelles.
Justement, vous n’avez jamais eu peur de déprimer ces jeunes oreilles ?
B.K. : Je n’ai jamais voulu écrire des textes responsabilisants, dire à mes fans « ça, c’est mal, il ne faut pas le faire ». C’est peut-être ça, aussi, la clé de notre succès : on ne se prenait pas pour des instituteurs.
Que retenez-vous de ces années ?
B.K. : C’était incroyable. J’ai même entendu dire que des fans français avaient choisi d’apprendre l’allemand à l’école pour comprendre nos chansons ! Mais il y avait beaucoup de mauvais côtés. Nous avions à peine 16-17 ans et on ne pouvait pas quitter notre maison à Hambourg sans se faire alpaguer par une horde de fans qui nous suivait partout. On a dû embaucher des gardes du corps qui nous suivaient 24 heures sur 24.
Le retour à la normale n’est-il pas difficile après un tel succès ?
B. K. : Nous étions noyés par cette folie. Nous n’avions plus d’inspiration pour écrire de la musique, nous n’étions plus heureux... Alors, en 2010, nous avons décidé de quitter l’Allemagne pour nous installer aux Etats-Unis. Là-bas, on ne nous connaissait pas vraiment. C’est ce qui nous a sauvés.
T.K. : Et puis nous avons commencé à refaire des choses normales, comme faire nos courses ou prendre le temps de parler à des gens. C’était aussi étrange que génial (rires) !
B.K. : Mais je pense que c’est nous qui avons abandonné nos fans. Pas le contraire. En partant pour les Etats-Unis, mais aussi en changeant radicalement de style. Nos deux derniers albums ont des sonorités pop et électro. C’est à mille lieues de ce qu’on faisait avant. En fait, cela correspond aux adultes que nous sommes aujourd’hui. C’est important que les gens achètent nos albums et viennent nous voir en concert. Mais ce qui prime aujourd’hui pour nous, c’est de faire la musique qu’on aime.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
B.K. : Super bien. Pendant nos concerts, c’est toujours la folie, mais quand on se balade dans la rue, personne ou presque ne vient nous embêter. C’est le parfait compromis. Dans ces conditions, Tokio Hotel ne s’arrêtera jamais !